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    La fin du monde n’est pas pour demain.

     

    Nonchalamment assis sur mon vieux rocking-chair en bois, un verre de vodka tout droit sortie du congélo à la main, j’écoute un flash info sur les ondes de ma radio préférée.

    Un prétendu expert ayant réussi à déchiffrer d’anciens manuscrits découverts il y a peu dans la cordillère des Andes (à moins que ce ne soit au Cambodge, j’avoue ne pas avoir été très attentif) affirme que la fin du monde est programmée pour cette fin d’année ! En voilà une drôle de nouvelle !

    Si c’est pour écouter des bêtises pareilles autant que j’écoute un peu de musique. 

    Je glisse dans mon lecteur un bon vieil album du Taraf de Haïdouks.  

    Quel bonheur !

    Je me plonge dans une histoire fantasmée. Les grandes steppes de l’Ukraine du début du XX° siècle. Les paysans aux champs qui saluent, intrigués, les Rroms en roulotte pour un éternel voyage. Guitares et violons prêts à être accordés pour jouer les larmes et les rires d’un peuple en errance.  

    J’imagine les troupes suivant Nestor Makhno luttant contre les armées fidèles au tsar et celles du futur régime tyrannique léniniste. Les lampées de vodka réchauffent de façon légèrement parfumée ma langue.

    La fin du monde… Combien de fois dans ma longue vie ai-je entendu ce propos apocalyptique ?

    Une météorite gigantesque percutant de plein fouet notre planète, de vieux volcans se réveillant, les plaques tectoniques provoquant de gigantesques séismes, tsunamis, incendies, explosions diverses, un accident chimique ou nucléaire, des attentats terroristes en séries, une nouvelle guerre mondiale (nucléaire et bactériologique), un nouveau virus auquel la recherche médicale ne trouve pas de parade, une attaque extraterrestre, le réchauffement climatique, une famine généralisée, les excessives pollutions nous empêchant de survivre…

    Apparemment nous sommes passés à côté de cela… Heureusement. Malgré le pouvoir de destruction que l’humain est capable de mettre en place.

     

    Alors cette fois qu’est-ce qu’on nous prédit ?

    Au lieu de jouer à se faire peur, ne pourrait-on pas mettre en place les moyens collectifs pour mieux vivre, toutes et tous, de façon responsable, respectueuse ? C’est plus compliqué qu’il n’y parait… 

    Déjà en 2012, il y a bien longtemps, certains nous on servit la fin du monde sous prétexte d’un changement « d’ère », d’un changement de « dimension », d’une « élévation des consciences »… Et puis, rien… Ah ils étaient bien embêtés les prêcheurs de l’apocalypse ! Ils ont simplement justifié cela en disant que nous n’étions pas prêts et que nos résistances psychiques collectives pesaient sur l’élévation des vibrations ! Bien voyons…

    Alors si dans un an c’est la fin du monde, que ferai-je en attendant ?

    L’amour avec toutes les filles du monde ?

    Une grande fête avec tous mes amis ?

    Le tour du monde à pied ?

    Dormir un peu en attendant ?

    … Ou bien continuer à « cultiver mon jardin intérieur comme extérieur » ?   

     D’ici là, il faut que je change de disque (et de bouteille) : il est fini !

     

     

    Mato Witko.

    octobre 2011.


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    Pensée d’hiver pour Gaza et Palestine ?

     

    Depuis le début du conflit, ou du massacre, je n’ai pas repris la plume pour rédiger mes sentiments sur cette horreur. Ni mes sentiments, ni ce que me dicte ma raison.

    Tout a été dit. Dans tous les sens. Des propos sionistes, des propos antisionistes, des propos antisémites, des propos anti-arabes, des propos pacifistes, des propos belliqueux, des propos colonialistes, des propos anticolonialistes, des propos religieux, des propos laïques, des propos islamophobes, judéophobes, des propos résignés, des propos mensongers, la hasbara*… Je crois bien que j’aurai lu de tout. D’ailleurs je pense que je vais arrêter de lire. Exceptés les articles d’Uri Avnery*, d’Amira Hass*, d’Avraham Burg* et des quelques rares voix progressistes du Moyen Orient.

    Qu’ai-je donc à dire de si original, pour à mon tour, m’exprimer sur ce sujet ?

    -Est-ce que le bombardement de l’école de Fakhura * est l’atrocité de trop ?

    -Est-ce que le nombre de victimes dépasse le seuil de ma tolérance ?

    -Est-ce que la désinformation ambiante ôte mes complexes pour rédiger un texte ? 

    -Est-ce l’impuissance évidente de l’ONU à régler un conflit latent depuis plus de 60 ans qui m’enrage ?

    -Est-ce le fait d’être persuadé que les prochains accords de « paix » n’avantageront que l’État d’Israël ? État qui mène sa guerre d’une façon si odieuse* que la soumission à ses propositions reste la seule alternative pour un peuple colonisé, affamé, terrorisé, acculé à la violence ou à la résignation.

     

    Partisan de l’abolition des frontières et de l’État, je dois me résigner à prendre le camp des partisans du « deux États pour deux peuples ». Avec le souhait que les palestiniens ne soient pas, encore une fois, les grands perdants du partage des terres, des nappes phréatiques et autres richesses du sous-sol.

    Jusqu’à quelle concession suis-je prêt à m’avilir pour espérer la paix entre palestiniens et israéliens ?

     

    Entre nous, pensez-vous que les victimes, enfants des victimes ou famille des victimes pourront un jour oublier l’horreur dont ils-elles ont été victimes ? Et pardonner ? Ce traumatisme engendrera-t-il une génération de partisans de la paix ?

    Quelle fleur peut pousser dans un tel terreau de haine, de flammes, de destruction, de sang et de larmes ?

     

    Est-ce que l’impunité continuera à outrager le droit international ? Ou bien peut-on espérer que les coupables de ces crimes seront un jour jugés et condamnés ? Mais le mal est commis...

     

    Mato Witko,

     

    Notes :

     

    *Hasbara est le terme qui désigne la propagande de l’État israélien.

     

    *Uri Avnery est un journaliste israélien, co-fondateur du mouvement pacifiste Gush Shalom

     

    *Amira Hass est une journaliste israélienne, prix mondial de la liberté de la presse UNESCO 2003. Auteure de « Boire la Mer à Gaza » aux éditions La Fabrique (2001)

     

    *Avraham Burg est auteur, entre autre, de « Vaincre Hitler, pour un judaïsme humaniste »

     

    * située dans le camp de réfugiés de Jabaliya, cette école était censée être protégée par l’ONU.

     

    * le Hamas utilise des roquettes Qassam sur des civils et des soldats israéliens face aux armes ultra moderne de l’Armée israélienne : obus à uranium appauvri, bombe au phosphore, bombe GBU-39/SDB1 de Boeing (à forte pénétration des aciers et béton), l’explosif DIME (Dense Insert Metal Explosive) … Inutile de préciser que les civils palestiniens n’ont que des cailloux pour se battre.


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    Voile, burqa, divagation…

     

     

     

    Parfois je divague…

     

    Je laisse aller mon esprit, ou ce que j’appelle ainsi.

     

    Et dans cet état de décontraction, de divagation, je me surprends à penser !

     

     

     

    Ce matin par exemple : suite à la sortie du rapport* de la Sous Direction de l’Information générale (SDIG) sur le port de la burqa ou niqab par 367 femmes musulmanes en France, je comparais (certainement de façon déplacée), le voilement des femmes dans l’Islam intégriste et la nudité dans les pubs impudiques des femmes en Occident. Je me demandais pourquoi, comment, on pouvait arriver à ces deux extrêmes…

     

    D’autant que j’ai bien l’impression que cela procède du même procédé : la volonté de gérer la vie, les droits… et le corps des femmes.

     

    En exagérant je compare la recherche de la vierge emmurée chez certains et l’exhibition publique de la putain chez d’autres. Je sais que j’exagère, car ce n’est pas être une putain que d’être affichée dénudée sur tous les murs, dans la plupart des publicités. C’est juste pour faire un parallèle entre ces deux oppositions. Ici on cherche à éveiller des sens en proposant le corps nu d’une femme pour vendre un yaourt, une voiture, un forfait en thalasso ou un parfum ; là, on cache un corps pour le protéger des pulsions libidineuses de ceux qui ne peuvent pas les contenir !

     

    Je précise que je n’ai aucun problème avec la nudité de ces corps affichés partout. Au contraire, sensuel et esthète, je me délecte de vivre parmi d’aussi belles personnes dans ma vie privée. Mais dans le monde public, je me demande si cette nudité ne cache pas des sentiments moins nobles que ceux qui m’animent.

     

    Bien sûr, je joue au naïf. J’ai depuis longtemps analysé le sujet (et je continue) et lu des réflexions sur le lien entre le corps de la Femme, sa marchandisation et le patriarcat.

     

    D’autant que sur le corps des femmes reposent bien des responsabilités. Celle d’éveiller le désir, la pulsion d’achat, celle d’être une matrice, celle d’être responsable de l’état du rut mâle.    

     

    Je m’inquiète de la nécessité de légiférer sur tout. J’ai toujours amertume et colère quand j’entends la société politique ou civile en appeler aux élu-es pour qu’ils-elles prennent des décisions, votent des lois sur tout ce qui traite de la vie, restreignant ainsi les libertés individuelles que nous sommes, pour la majorité d’entre nous, bien incapables d’assumer et de conserver.

     

    Je me demande si la majorité d’entre nous est assez mature pour jouir de ces libertés. Et la je vois poindre dans les méandres de mon propre discours un appel dissimulé aux pires réflexes autoritaires dans la contrainte ou l’obligation.

     

    Voilà comment on peut avoir des pensées fascisantes en laissant son esprit divagué ! Si c’est pas malheureux d’en arriver là !     

     

    J’en reviens aux polémiques suscitées. Chacun-e y va de sa théorie… de ses savoirs et analyses… Et si on demandait aux principales concernées leur avis ? C’est déjà fait. Bien et alors ? Ben… rien ! La soumission a engendré des éternelles soumises ? Et si la société était faite de sorte que personne ne se sente obligée de se soumettre ou de s’afficher ainsi pour se sentir appartenir à une minorité méprisée ?

     

    C’est cette société qu’il faut élaborer et non pas des textes autoritaires qui normalisent nos modes de vie… Vous ne pensez pas ?

     

     

     

    30 juillet 2009.

     

    Mato Witko.

     

     

     

    * rapport du SDIG du jeudi 30 juillet 2009.

     


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    « Être né quelque part, pour celui qui y est né est toujours un hasard. » *

     

     

     

    Je suis né ici. Mais en fonction de l’endroit où on me lit ça n’a plus la même localisation. Que m’importe. Le hasard a voulu que je pousse mes premiers vagissements à cet endroit là du globe. Ni calcul, ni chance, juste le hasard. Dois-je pour autant me glorifier de mon lieu de naissance ? Pire, dois-je élever ce simple fait en victoire et fierté personnelles ? 

     

    Qu’ai-je en commun avec les autres individus nés au même endroit que moi à la même période ? À par le fait d’être un être humain ? Suis-je né avec une identité précise ? Une identité nationale ? Dois-je me la construire ?

     

    À toutes ces questions, des membres du gouvernement français voudraient me donner une réponse. À moins que ce ne soit une manœuvre pour m’éloigner d’autres questions que je pourrai me poser sur leurs agissements actuels. Il me semble comprendre où ils veulent en venir.

     

    Si identité nationale il y a, alors je m’en écarte. Le patriotisme ne m’a jamais contaminé.

     

    Je suis un vague humain, terrien par circonstance. Francophone, certes, mais ça c’est par fainéantise. Ou alors que le système éducatif français est mal foutu… Ou que mes parents n’ont pas su me donner le goût à l’apprentissage d’autres dialectes, d’autres langues…

     

    Est-ce que le fait d’être francophone me donne une « identité nationale » ?

     

    Je vous l’avoue, je ne suis pas un adepte de l’intégration, de l’assimilation… je préfère à ces notions ethnocentristes l’idéal de la diversité aussi bien culturelle qu’ethnique (pour peu que cela ait une signification). Si les gouvernants veulent nous amener sur ce terrain fangeux de l’identité nationale, qu’ils sachent que je m’en tiendrais éloigné et que j’agirai à mon humble niveau pour l’abolition des frontières, pour le respect des différences en luttant contre toutes formes de discriminations.

     

    Plus de drapeau (quoi que le noir soit le plus beau*), plus de frontières. Une vraie solidarité basée sur l’acceptation et non un néo-colonialisme puant la prétendue supériorité de certain-e-s sur d’autres… 

     

    Que ce soient des racistes ou simplement des démagogues jouant avec la xénophobie latente de leurs contemporain-e-s, ces malhonnêtes ne méritent pas ma considération. Je me désolidarise donc de leur débat identitaire.

     

     

     

    * : extrait de la chanson « né quelque part » de Maxime Leforestier.

     

    * : allusion au drapeau noir de certain-e-s anarchistes.

     

     

     

    Mato Witko, 25 novembre 2009.

     


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    Prostitution, liberté, morale…


     Si l’égalité sociale était de mise entre deux individus, je pense que je n’aurai aucune légitimité d’intervenir ou de vouloir légiférer sur les relations entre 2 (ou plusieurs) adultes consentant-e-s. Quelles que soient les relations dont il s’agit, notamment la prostitution. Mais cette égalité est-elle de mise entre une prostituée et son client ?

     

    Je fuis d’emblée celles et ceux qui mettent le corps et la sexualité au panthéon de la pudibonderie. Afin d’extraire une position claire sur un sujet aussi sensible vu l’ignoble exploitation, déshumanisation que subit la majorité des personnes prostituées, je ne pense pas que la morale judéo-chrétienne ou ses avatars doivent s’immiscer dans nos considérations éthiques.

     

    Je peux sans problème admettre qu’une infime minorité de prostitué-es accepte de se prostituer par envie, décision personnelle voire même plaisir ou fantasme…  Mais si je m’exprime sur ce sujet c’est en pensant à toutes celles et ceux qui sont victimes des réseaux de traite, aux victimes du système économique, victimes d’une société où seul l’argent permet l’accès au logement, à l’alimentation, à une vie décente, aux loisirs, à la dignité… Victimes d’un système patriarcal qui a du mal à être dissout...

     

    Libertaire, je m’interroge à chaque fois que la liberté de certain-es peut être remise en question par mes analyses. Mais peut-on parler de liberté quand une large majorité des personnes qui se prostituent le font pour pouvoir subvenir à leurs besoins matériels, pour échapper à la misère quotidienne ? Ce sera donc la liberté des client-e-s qui sera mise en cause ; mais que pèse-t-elle à mes yeux face à la dignité des personnes prostituées ?

     

    Je me dois de m’exprimer sur ce sujet afin de dégager certains des axes de la société idéale dans laquelle je rêve de vivre. Une société égalitaire sans domination, sans exploitation laisserait-elle sa place à la prostitution ?  

     

    Est-ce le travail d’une personne prostituée qui se paie ou bien son sexe ? Son corps-sexe ? À partir du moment où une personne est réduite à n’être plus qu’un objet de désir, d’assouvissement, peut-on parler de travail ? Dans une société dictatoriale, probablement, mais dans ma société idéale, certainement pas !

     

    Alors ?

     

    - Abolition sans répression contre les personnes prostituées ?

     

    - Prohibition, avec criminalisation des prostitué-e-s ?


    - Réglementation, légalisation avec considération de la prostitution comme un métier classique ?

     

    Il nous faudra bien choisir. On ne peut pas rester sans rien faire et ainsi donner un blanc-seing aux réseaux de prostitution qui exercent leur horreur esclavagiste sur des êtres abandonnés aux vices et aux frustrations et des proxénètes et des client-e-s.    

     

    Il me parait primordial d’agir sur la misère qui, très souvent, est le déclencheur du basculement de la vie d’une personne dans le système prostitutionnel. À ma connaissance, personne ne choisit consciemment d’être pauvre afin de « tomber » dans la prostitution !

     

     

     

    Ensuite, généraliser l’éducation sexuelle et faire disparaître les tabous autour du corps, du sexe et de la sexualité permettrait de diminuer le recours aux rapports sexuels vénaux ? Je veux dire par là qu’une sexualité libre, libérée des tabous, assumée engendrerait certainement une génération de personnes équilibrées n’ayant nul besoin de « consommer » de la prostitution ?

     

     

     

    Devant nos hésitations et l’aggravation des conditions de vie des personnes prostituées, un Syndicat des Travailleurs / Travailleuses du Sexe s’est constitué en mars 2009 : le STRASS. Avant que la société ne prenne une décision définitive sur la prostitution ?

     

     

     

    Je ne peux résister de vous offrir ce propos de l’anarchiste américano-ukrainienne Milly Witkop (1877- 1955) qui résume ce que j’ai voulu exprimer ici…

     

     

     

    "Amour libre, le mot n'est pas bien choisi, car il porte en lui-même une contradiction. L'amour est toujours libre, car on ne peut pas le contraindre. Quand la liberté cesse dans l'amour, commence la prostitution."

     

     

     

     

     

    Mato Witko, juillet 2009.

     

     

     

    Pistes de lecture : (liste non exhaustive, bien sûr)

     

     

     

    - « Prostitution – Le désir mystifié » Max Chaleil (éditions Parangon)

     

    - « Fières d’être putes » Maîtresse Nikita et  Thierry Schaffauser (éditions L’Altiplano)

     

    - « La prostitution étudiante » Eva Clouet (édition Max Milo)

     

    - « Des anarchistes féministes contre le système prostitutionnel » Hélène Hernandez et Elisabeth Claude (éditions du Monde Libertaire).

     

     

     


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