• Au plus près du réel.

     

    AU PLUS PRÈS DU RÉEL. Patrice, 9 septembre 2006.

     

       Dans mes cauchemars les plus sombres,

    Je suis au plus près du réel ;

    Endeuillé par mille ombres

    En parcourant le sahel,

    Où des compagnies pétrolières

    Installent des dictatures ;

    La faiblesse humanitaire

    Gère cette imposture !

     

       Des forêts rasées, brûlées,

    Le sol deviendra désert ;

    Des tribus déplacées

    Et repoussées vers l’Enfer…

    Perte d’identité, de culture

    Pour les peuples indigènes,

    La fin de l’aventure

    Des diversités humaines…

     

       Mers et océans souillés,

    Quelques îles disparaîtront

    Pour la joie, la civilisation,

    Le « bonheur » des privilégiés…

    Fûts de matières radioactives

    Noyés aux profondeurs abyssales ;

    Les lobbys s’activent

    Et érigent nos pierres tombales !

     

       De kermesses en carnaval,

    Nous oublions notre mal,

    Chacun lutte pour son destin

    Et oublie le sort humain…

    Mais certains prennent les armes

    Et les médias s’alarment,

    Alors on bâtit des prisons

    Où règne l’humiliation…

     

       Lots quotidiens d’images de misères,

    Enfants affaiblis, kwashiorkor, SIDA ;

    Frêles silhouettes dans les bras d’une mère,

    Nos larmes, seules armes dans ce combat ?

    Alors je donne de mon salaire

    Pour en vain les faire taire,

    Mais les puissants de la Terre

    Rient bien de mes colères !

     

       Les enfants de Soweto,

    Ou les gamins des favelas,

    Condamnés dans leurs ghettos

    A survivre dans la violence…

    La drogue accès au paradis

    Plus sûrement que la prière !

    Mais les escadrons hardis

    Leur déclarent la guerre !

     

       Ces visages cireux, larmoyants,

    Devant l’homme en blanc, se confessant,

    Pour mieux replonger dans leur néant

    Et donner dans la sébile du mendiant…

    Des êtres marginalisés

    Chassés des centres villes,

    La pauvreté criminalisée,

    Mais on se trompe de cible !

     

       Des maquiladoras

    Où travaillent sans respect

    Des ouvriers épuisés

    Pour le maître-dollar !

    Des travailleurs sans droit

    Pour le profit prince et roi,

    Et que traversent le monde

    Ces fournitures immondes !

     

       Des jeunes femmes trahies,

    Esclaves d’une nouvelle vie :

    Réseaux de prostitution,

    Pour assouvir de viles pulsions…

    Réseaux de pédophiles,

    L’enfance est bafouée,

    Comme cette jeune fille

    Dans une cave enfermée…

     

       Des immeubles occupés

    Par des populations apeurées ;

    Évacuations musclées

    Par des « gardiens de la paix »

    Aux camps de réfugiés

    Où les mourants s’entassent

    Dans l’espoir d’être sauvés

    Malgré tant d’indifférences…

     

       Mes lèvres brûlent de tant de fiel

    S’obscurcit toujours plus mon ciel.

    Mes cauchemars sont peuplés de CRS-cerbères,

    De monstres-soldats armés pour la guerre,

    De bourgeois arrogants enrichis d’armements,

    De politiciens complices avilis par l’argent,

    D’enfants amputés sur des mines oubliées

    Ou à des gaz mortels exposés…  


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