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    TORRENT DE FOLIE. Patrice, 31 mars 2001.

     

       Les cloches d’airain

    Sonnent sur ma ville,

    Les chœurs des orphelins,

    Résonnent d’une voix virile.

    Je marche en de sombres rues,

    Le regard vissé aux nues,

    J’entends la foule hurler,

    Vouer à mort les condamnés.

     

       Les escadrons armés

    Paradent fièrement ;

    Les âmes damnées

    Pleurent au firmament.

    Le chant des canons

    Tonne dans l’air âcre ;

    Une suite d’oraisons

    S’élève des massacres…

     

       Parfois, un désespéré se dresse

    Crier sa rage, sa colère ;

    Le peuple se lève en liesse,

    Pour acclamer son frère ;

    Mais l’ordre et la censure

    Protègent les oppresseurs.

    Le sang souille les murs,

    Dans l’apothéose de la peur…

     

       Sur le pavé, glissent les chaînes

    Des fils de la soumission ;

    Plus ni remords, ni haine,

    Juste de la résignation.

    La discipline est instaurée,

    Nouvelle foi, nouvelle loi ;

    En arène, la plèbe torée,

    Pour la jouissance du nouveau roi…


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          TON SOURIRE. Patrice, 11 octobre 2003.

     

       Le ciel est gris, enflé de fumées morbides ;

    La poussière des routes s’élève sous le pas de l’exode ;

    Une foule de fantômes en haillons sordides

    Fuient vers le flou, tonnant de sublimes odes.

     

       Le soleil sombre oublie de rallumer la vie,

    Les ténèbres enveloppent les espoirs d’utopie.

    Un peuple d’errants traîne sa misère,

    À travers les aléas d’une énième guerre.

     

       Mais… Quand tu me souries…

    Il m’arrive d’oublier

    L’horreur des charniers…

     

       S’érigent des cris d’affamés

    Tels les étendards d’une nouvelle armée ;

    D’une armée de gueux désarmés,

    Impuissants, misérables condamnés…

     

       Des doigts décharnés s’agrippent aux grillages,

    Des visages émaciés supplient la mort ;

    Les barbelés suintent le sang des ravages.

    La mort s’insinue encore et encore…

     

       Mais quand je croise ton sourire…

    Il m’arrive d’oublier

    L’horreur des charniers.

     

       Des vagissements d’enfants clamant leurs mères,

    Les hurlements de femmes aux fruits de leur chair ;

    Des pleurs ravagés sur la face du monde,

    L’Humanité danse sa dernière ronde !

     

       La folie glorieuse pose son doigt d’airain

    Sur la Terre honteuse qui panse ses blessures.

    Les dents du vice ruissellent de souillures,

    L’Homme abat sa tâche, fier, vil et hautain.

     

       Mais… Ton sourire…

    Comme une lueur tirée des abysses ;

    Comme un baume sur une cicatrice ;

    Comme une main tendue dans la nuit,

    Comme un phare perdu et qui luit…

    Ton sourire…

    Comme une fleur perçant la glace ;

    Comme un chant dans le silence…

    Comment ne pas s’y perdre ?

    Comment ne pas s’y pendre ?

    Comment l’oublier

    Alors qu’il ne reste que lui à qui se rattacher ?

     

    à Marlène C.  

     


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    TES YEUX. Patrice, le 20 janvier 2003.

     

       Il me manque, dans mes obscures nuits ténébreuses,

    Pour oublier le flot de mes liaisons honteuses,

    Comme une chandelle éclairant mes rêves,

    Lorsque Adam perçut la nudité d’Ève…

    Tes yeux…

     

       Il me manque au matin, dans l’enfer d’un réveil,

    Cette divine chaleur émanée d’un soleil.

    Cette tendresse pure éblouissant ma peine,

    Comme une caresse ensorcelant mes haines…

    Tes yeux…

     

       Comme une bougie posée devant un gouffre béant,

    Illuminant de sa flamme la peur du néant ;

    Et guide, à travers le temps les peuples asservis,

    À travers ses méandres, en quête de survie…

    Tes yeux…

     

       Comme un sourire sur des lèvres d’enfant,

    Rayonnant de joie, éclatant de gaieté,

    Dans les bras de sa mère, enlacé, en chantant,

    Sublime image d’espérance d’humanité !

    Tes yeux…

     

       Comme un feu flamboyant d’âtre amoureux ;

    Une bise brûlante sur un corps langoureux ;

    Une lame effilée causant plaie à la Terre ;

    Une aumône donnée affrontant la misère…

    Tes yeux…

     

       Comme une larme versée en l’honneur des mourants,

    Et les pleurs saignés en souvenir des tyrans ;

    Une goutte de sang dans les mers du silence,

    Pour s’opposer enfin à l’enfer des violences…

    Tes yeux…

     

       Comme un vautour luttant sur charnier mouvant,

    Où des corps décharnés attendent en gémissant

    Que la mort ne les fauche pour trouver le repos

    D’avoir trop vécu sous le joug des bourreaux…

    Tes yeux…

     

       Comme un cataclysme qui bouleverse le monde,

    Se déchaîne et enfin renverse l’immonde ;

    Un raz-de-marée qui submerge les folies

    Où vivent les Hommes sans espoir de répits…

    Tes yeux…

     

       Comme l’effroi causé par la perte d’un cher,

    Epouvante glaciale d’être un jour solitaire,

    Sans amour, sans passion, à errer au hasard,

    À ne plus savoir où accrocher son regard…

    Tes yeux…

     

     


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    TE SOUVIENS-TU ? Patrice, 21 octobre 2000.

     

       Te souviens-tu

    De ces soirées dansantes

    Où tu soufflais, riante :

    - « allons danser sous les nues ! » ?

     

       Te souviens-tu

    De nos âmes allongées

    Sous la voûte étoilée,

    Et nos rires éperdus ?

     

       Te souviens-tu encore

    Des brasiers monotones,

    De ces soirées d’automne,

    Où j’enlaçais ton corps ?

     

       Te souviens-tu enfin

    De ce doux refrain

    Que nous chantions sans fin,

    En nous tenant la main ?

     

       Te souviens-tu encore de moi,

    À l’aube de mon trépas ?

    … Mes souvenirs s’enfuient

    Au plus profond de la nuit…


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    TA DERNIÈRE LETTRE. Patrice, 30 novembre 2003.

     

       La gorge serrée, l’entraille nouée,

    Les mains tremblantes, la paupière ruisselante,

    Je relis ta lettre, la dernière de tes lettres ;

    Celle où tu m’avoues tes trahisons ;

    Celle où tu m’annonces notre déliaison.

     

       La gorge amère, l’entraille biliaire,

    Les mains crispées, les paupières gonflées,

    Je relis ta lettre, ta dernière lettre ;

    Celle qui brise mes rêves,

    Celle qui ride mes lèvres…

     

       J’aurais du me douter de tes mensonges,

    Mais, aveuglé par tes sourires

    J’ai cru en ces doux songes…

       J’aurai du me douter de tes faiblesses,

    Mais, aveuglé dans mes délires

    J’ai cru en tes promesses.

     

       Refrain :

     

       Le courrier est arrivé, il y a une lettre de toi.

    Tu m’envoies du soleil et des embruns salés,

    Mais je connais leur goût, j’en oublie la joie,

    Je t’ai laissée partir et tu t’en es allée…

     

     

       La gorge fiévreuse, je froisse ta lettre,

    Jetée dans l’âtre, elle consume mon être ;

    Mon âme rageuse est dissoute d’absinthe.

    … des photos de toi, alors enceinte…

     

       Mes bras cherchent à t’enlacer,

    Ombre abstraite dans le néant glacé,

    Tu ris de ma peine, tu m’ignores ;

    Je prie sur l’autel fleuri, je t’adore…

     

       Je suis une marionnette sans fil

    Dans tes mains de vaudou,

    Tu m’empales d’aiguilles,

    Cette douleur me rend fou !

     


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