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    On ose appeler ça « Justice » ?

     

     

    Saddam Hussein pendu après une parodie de procès.

     

    Oussama Bin Laden abattu et jeté à la mer afin d’éviter que certains ne s’emparent de ce corps et n’en fassent un martyr en lui donnant une sépulture… qui pourrait devenir un lieu de pèlerinage où s’exprimera certainement la haine envers cet État qui se permet de rendre justice à l’explosif ou au M 16…

     

    Troy Davis, exécuté par le système pénal étatsunien.

     

    Mouammar Kadhafi lynché et assassiné par des rebelles armés après avoir été blessé par les troupes de l’OTAN.  

     

    Malheureusement cette liste non exhaustive est bien trop longue voire interminable des crimes commis sous prétexte de justice alors qu’ils ne sont que l’expression d’une vengeance brutale commise sous couvert de domination ou d’un système de peur à maintenir à tout prix. Mais les mass-médias relaient sans cesse ces meurtres accompagnés d’interviews, de commentaires où le terme « justice » apparaît régulièrement.   

     

    Le propos de Barak Obama, président des USA, après l’assassinat de Bin Laden est éclairant sur la façon dont certains conçoivent la justice: « (…) nous pouvons dire aux familles qui ont perdu des êtres chers à cause du terrorisme d’Al-Qaida: justice est faite (…) » !

     

    Nous savions pertinemment que les procès, même parodiques, d’Oussama Bin Laden et de Mouammar Kadhafi auraient pu révéler des relations ambiguës entre ces tyrans et les (services spéciaux des) prétendues démocraties. Pour cette raison, ils n’étaient pas souhaitables, ni souhaités. Le destin de ces personnages était alors scellé. Pourtant un procès digne, équitable, sans condamnation à la peine capitale aurait pu porter en lui un semblant d’humanité. Juger des responsables d’actes méprisables, odieux, abjects, criminels de façon publique et impartiale permettrait de mettre en valeur la force du droit écrit (et accepté de façon consensuelle – ce qui n’est malheureusement pas le cas) sur les coutumes violentes et « barbares » dont nous devons nous écarter pour gagner en humanité.

    Dans une tentative d’amélioration de la justice (même si on peut considérer que c’est une imposition du « droit des occidentaux » sur le reste du monde), nous pouvons constater que la Cour Pénale Internationale et le Tribunal Pénal International ont rejeté de leurs outils la peine de mort, et pourtant ils doivent juger des crimes parmi les pires.      

     

    Les victimes présumées ou confirmées (à qui vont mes pensées) de Bin Laden et de Kadhafi auraient méritées plus de considération. Un procès aurait pu être un moment de vérité et de réparation pour elles. On les en a privées. 

     

    Pourquoi comparer l’exécution de Troy Davis à celles de Saddam Hussein, d’Oussama Bin Laden et de Mouammar Kadhafi ? Simplement pour insister sur le fait qu’une mise à mort, qu’elle soit prétendument légitimée par le système pénal d’un État ou qu’elle soit un fait de guerre ne pourra jamais être appelée justice. Un être humain, quel qu’il soit, quels que soient ses crimes, mérite d’être considéré comme mon égal et a droit en retour à la considération et à la justice. 

     

    Peut-on dignement et sincèrement parler de Justice alors qu’il s’agit d’un meurtre, d’un assassinat, d’une exécution ?

     

    Enri Vootul

    octobre 2011.

     

    Un extrait du discours de Robert Badinter (quelle que soit mon opinion sur ce personnage, je partage le contenu philosophique de ce court propos) demandant l’abolition de la peine de mort devant l’Assemblée nationale française le 17 septembre 1981 : 

    « (…) loin de le combattre, la peine de mort nourrirait le terrorisme. À cette considération de fait, il faut ajouter une donnée morale : utiliser contre les terroristes la peine de mort, c'est, pour une démocratie, faire siennes les valeurs de ces derniers. ( …) ».

     

     


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    Coup d’œil entre Itchkérie et Tarn : un comité Tchétchénie dans le Tarn.

     

    - Anna Politkovskaïa, journaliste russe enquêtant sur les crimes commis par l’armée russe en Tchétchénie, assassinée par balles à Moscou le 7 octobre 2006.

    - Natalia Estemirova, membre de l’association russe de défense des droits humains, Memorial, assassinée par balles à Grozny le 15 juillet 2009 (après avoir été enlevée).

     

    Deux points communs : elles enquêtaient sur les agissements de l’Armée russe en Tchétchénie et avaient été menacées par le président tchétchène Ramzan Kadyrov*.

     

    Selon la FIDH « Si M. Kadyrov n'est pas directement responsable de ce meurtre, il en a en tout cas clairement à l'avance absous les auteurs. Et les autorités russes ont accepté cela sur leur sol, elles ont laissé faire, elles en portent la responsabilité. »

     

    Dans l'un de ses derniers articles publié le 11 septembre 2006, la journaliste assassinée, Anna Politkovskaïa écrivit : « Qu'est-ce que le syndrome Kadyrov ? On peut le caractériser par (…) l'insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l'amabilité. En Tchétchénie les Kadyrovtsy** frappent les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c'est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités comme des "détails permettant de placer les Tchétchènes en faveur de la Russie." »

     

    De plus, nombreux sont les opposant-e-s à Kadyrov assassinés en exil (Islam Djanibekov, Gazi Edilsoultanov, Oumar Israïlov, Zarema Sadulayeva, Alik Dzhabrailov…) hors du territoire russe.

     

    Apparemment cela ne suffit pas à l’OFPRA et à la France pour considérer la Fédération de Russie comme étant la proie d’un terrorisme d’État. La Tchétchénie n’étant pas considérée comme un territoire en guerre, ses ressortissant-e-s n’ont donc aucune raison de venir mendier asile et refuge en France… En preuve le nombre de réfugié-e-s tchétchènes que le gouvernement de France veut expulser vers la Fédération de Russie… Les condamnant ainsi à être torturés ou assassinés de retour au pays.

     

    Selon des organisations de défense des droits de l'homme, 5000 disparitions forcées auraient eu lieu en Tchétchénie de 1999 à 2006.

     

    Amnesty International*** et le Comité Tchétchénie réclament depuis le début des années 2000 la fin des violations des droits des humains imputables aux militaires de l'armée fédérale russes et des milices tchétchènes pro-fédérales, et déplorent une absence de recours judiciaires réels. Ils exigent également la médiation internationale afin que s'établissent des négociations de paix entre les autorités tchétchènes actuelles et les séparatistes.

     

    Et ce comité tarnais, alors que fait-il ?

     

    Il tente, à son niveau, d’informer sur l’actualité du conflit permanent en Tchétchénie, sur les risques qu’encourent les exilé-e-s tchétchènes si ils retournent au pays. Et aussi, il organise la logistique pour les familles venus se réfugier dans le Tarn afin de les aider à obtenir le statut de demandeur d’asile.

    Pour rencontrer le Comité Tchétchénie du Tarn, ce n’est pas compliqué, il organise le 21 mai 2011, à Gaillac (salle Bouzinac) les 8 heures pour le droit d’asile des tchétchènes.

     

    Enri Vootul, 1er mai 2011.

     

    * Ramzan Kadyrov : fils d’Akhmad Kadyrov (président de la République tchétchène, il trouve la mort dans un attentat en mai 2004). Premier ministre de Tchétchénie (dès novembre 2005). Élu président de la République Tchétchène en février 2007 (soutenu par Vladimir Poutine). 

     

    ** Kadyrovtsy : services de sécurité de la Garde présidentielle (milice de Kadyrov).

     

    *** Amnesty International dénonce dans son rapport de 2001 à la commission des droits de l’Homme de l’ONU les bombardement aveugles effectués par l'armée russe sur des zones civiles tchétchènes, les exécutions sommaires, les emprisonnement arbitraires, la torture ainsi que des pillages, viols et demandes de rançon menée par celle-ci.

     


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