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    REVERRAI-JE ?  Patrice, mai 2000.

     

       Reverrai-je jamais, à l’aube de mon départ,

    La grâce d’Amazones d’Agadja, beautés sans fard,

    La volupté des danseuses d’Haïdous,

    L’art des bayadères hindoues,

    Le charme naturel d’une Indienne,

    D’une Ouled Naïl, d’une féline Cheyenne,

    D’une sensuelle Daï, une reine Somalienne,

    L’exotisme ardent d’une fleur cubaine ?

     

       Reverrai-je jamais, au crépuscule de ma vie,

    L’immensité restaurée de l’Amazonie ?

    La splendeur stupéfiante des chutes du Niagara ?

    Les moites senteurs des ruines Incas ?

    Les sculpturales dévatā d’Angkor,

    Les fiers obélisques de Louxor ?

    Les brûmes délicieuses de Katmandou,

    Les vallées et rizières d’Ouagadougou ?

     

       Entendrai-je encore une fois

    Le vagissement d’un enfant naissant

    Sous le regard souriant de joie

    De sa mère l’applaudissant ?

    Délivrée de sa douleur,

    Elle engendre son bonheur.

    Entendrai-je toujours les chants,

    Mélodies, arias et chœurs enivrants ?

     

       Reverrai-je malgré ma folie innée

    Ses yeux tendres maquillés de khôl,

    Où plonge mon âme viciée d’alcool ?

    Ses douces mains peintes d’henné

    Parcourent mon corps et m’éveillent,

    Enflamme mon désir tel un soleil

    Sublime et ardent astre, drapé

    Dans l’aurore d’un espoir de paix…

     

      Refrain :

     

        Reverrai-je les merveilles qui ont su m’attendrir ?

    Reverrai-je les rebelles qui ont su s’affranchir ?

    Entendrai-je les échos d’une noce éternelle,

    Où la Liberté épouse la joie Fraternelle ?

     

     


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    Que mon rêve voit le jour. (Patrice K, janvier 1997)

     

    Tandis que certains

    Font la fête, chantent et rient,

    Moi, seul, je prie pour que demain

    Soit plus juste, plus humain.

     

    J’attire la moquerie,

    La haine et le mépris

    Lorsque je pointe du doigt

    Les actes sales et odieux,

    Les atteintes aux vrais droits

    Commis pour leurs faux dieux…

     

    Je brave leurs rictus cyniques,

    Leur bave, fiel sarcastique,

    Car j’ai espoir d’un jet de lumière

    Rayonnant sur notre sordide misère.

     

    J’ai espoir d’un vent de sédition

    Nous soufflant l’aria d’une révolution.

    Quels lendemains possibles dans cette voie ?

    Spirales infernales comme seules lois ?

    Est-il vain de se lever dans la tourmente

    Tel un phare isolé sur une mer mouvante ?

     

    Tandis que certains

    Vont à l’église, au temple, à la mosquée,

    Conforter leur foi du divin,

    Au risque d’offusquer, j’ose critiquer

    L’inanité, la vacuité de leurs croyances,

    Métaphysiques de l’ignorance !

    Dogmes infantiles, foi, avilissements,

    Rites serviles, génuflexions, contritions et serments,

    Acceptation de l’autorité comme essence divine,

    Lapidation des « extravagances » libertines !

     

    Un tel besoin de guides divins

    Est preuve d’immaturité.
    Aggiornemento

    De dogmes médiévaux,

    Pour suivre le chemin

    Des prophéties dévoilées.

     

    Ma liberté n’est pas vénale,

    Elle ne craint pas le code pénal !

    Je prête mes bras et ma réflexion

    Pour un autre monde en construction.

    Je n’en verrai pas la réalisation

    Mais je tiens à en poser les jalons.

     

    Refrain :

     

    Et je veux que mon rêve voie le jour

    Comme une mélodie aux oreilles des sourds ;

    Un arc-en-ciel aux yeux muets ;

    Une course folle pour paralysé-e-s…


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    PRÉFACE À MES ANGOISSES. Patrice, 20 janvier 2001.

     

       Pense-t-on que je puisse avoir peur de prendre la vie d’un assassin, de mes mains ?

     

     Pense-t-on que je puisse avoir peur de voir mes nuits hantées des images de l’horreur que j’aurais pu commettre ?

     

       Cela plus d’un quart de siècle que mes nuits sont tourmentées !

     

       Lorsque mes yeux s’éteignent, je sens des parfums âcres monter en moi, me serrer la gorge comme pour m’étouffer.

       Je me vois alors errer dans un décor apocalyptique. Des cendres ; des cris, des pleurs ; autour de moi, des baraquements délabrés et sinistres, surveillés de miradors armés…

       Je m’approche de la source présumée des gémissements : une fosse creusée dans le sol, d’où s’élève une noire fumée.

       J’y plonge mon regard, je crois mes yeux me trahir : des milliers de corps entassés, décharnés, démembrés ; certains remuent encore, attaqués qu’ils sont par les flammes infernales. Je voudrais éteindre ce feu incessant, ou bien fuir, loin ; ne plus sentir l’empyreume poison ; ne plus entendre ces hurlements…

       Mais je suis hypnotisé, halluciné. Mon corps ne veut se mouvoir.

       Autour de moi s’activent des fantômes en tenue militaire ; ils ne me voient pas, je suis intégré à ce théâtre innommable.

       Des longs poignards qu’ils tiennent en main s’écoule un mélange de sang et de poussière. Ils entrent dans les bâtiments, et en ressortent, une silhouette humaine traînée par les cheveux. Devant le gouffre béant d’où s’élève l’odeur de mort, le sacrificateur fait son office. Le parterre est souillé d’un fluide vermeil. Les supplications n’empêchent pas les bourreaux d’accomplir leurs œuvres…

     

       Soudain, je m’éveille en sursaut, le front trempé de sueur, conscient d’avoir, encore un soir, vécu un cauchemar… Puis, je me rendors à nouveau…

     

       Je vois une grande salle, richement décoré, les murs blancs immaculés exposent des tableaux de peintures encadrés d’or et de pierreries…

       Quatre hommes s’amusent d’un jeu, dont le plateau est une mappemonde terrestre. Chacun, à tour de rôle, déplace ou engage en combat ses propres troupes, représentées par des soldats de plomb.

       Ces hommes sont différents, de par leur tenue vestimentaire, de par leur physionomie, mais tous ont la même lueur lubrique et dominatrice dans les yeux.

       Le plus petit, celui qui rit aux éclats lorsqu’il écrase d’un doigt dédaigneux une légion adverse, est vêtu d’un simple linge blanc, seul son visage buriné est visible.

       À sa gauche, un homme pansu, vêtu d’un costume cravate, un cigare cubain aux lèvres, savoure un verre de liqueur, les yeux rivés au plafond.

       En face de lui, un général d’armées. L’uniforme propre et net. Le regard fier, le menton relevé en signe de défi.

       À sa droite, le plus jeune d’entre eux, les joues mal rasées, le cheveux rebelle, le plus simplement vêtu, l’œil vif de celui qui est prêt à tout pour grimper les marches de la réussite.

       Tous trônent sur des fauteuils recouverts de soie. À leurs pieds, sont enchaînées des femmes-esclaves, nues.

       Lorsqu’un d’entre eux perd une troupe, il donne une tape de colère sur l’une d’elles, qui se met à gémir. De temps à autre, le gros homme au cigare prend un subtil plaisir à leur brûler les seins et les mains, se délectant de leurs ondulation de douleur.

       En jetant leurs dés, il arrive qu’une troupe militaire se trouve dans une zone civile, définie sur leur échiquier, alors, ils s’imaginent les carnages, les pillages, les viols collectifs, tous les actes que pourraient commettre leurs soldats ; ils en rient librement, sans état d’âme !

       Quant à moi, outré, caché derrière une lourde porte, je me décide enfin à entrer.

       Comme soudé à ma main, un long sabre à la lame effilée. Je ne peux desserrer l’emprise de mon membre ; mes doigts restent figés et crispés, je ne les commande plus. Sur la garde de mon arme est gravée une formule : le sang du vice te délivrera du mal.

       Cette énigme est pour moi un choc ! J’ai enfin la solution à mes errances !

       D’un pas décidé, je m’élance vers les quatre brutes assoiffées de gloires, de pouvoir, de richesse, de luxure… et, dans une fureur destructrice, mon bras s’abat sur eux, ne leur laissant aucune chance de survie. Leurs têtes roulent au sol dans un fracas assourdissant ; les murs immaculés sont maintenant éclaboussés de ma rage. Le planisphère est en totale confusion, toutes les troupes sont piétinées.

     

       Mais… Mes doigts ne se décrispent toujours pas. J’aperçois les femmes-esclaves et je brise alors leurs chaînes, pensant ne pas avoir accomplit mon devoir jusqu’au bout.

       Mais une fois libérées, elles me sautent dessus pour venger leurs maîtres. Condamné à me défendre ou à périr de leurs haines, bientôt leur sang se mélange à celui de leurs bourreaux.

       Le sabre ne veut pourtant pas abandonner ma main. Peut-être l’ultime solution est-il de me donner la mort à mon tour ?

       Dans un acte solennel, je transperce mon propre corps de la lame vengeresse…

     

       Dans un cri étouffé, mêlé de joie, ma main est libérée de l’arme…

       Je m’effondre dans le bain écarlate.

       Les yeux rivés sur un des tableaux. Je me plonge dans cette fresque, image d’un paradis verdoyant où s’ébattent gaiement des enfants, se serrant dans les bras…  


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    LA PIERRE ET LE SANG. Patrice, juin 1998.

     

       Personne n’est là pour sécher tes larmes

    Alors n’attends pas au risque de devenir fou !

    Avant toi, d’autres ont hurlé contre ces murs

    Et ont griffé jusqu’au sang la pierre.

      

       Demain peut-être dira-t-on que tu avais raison,

    Mais pour l’heure, tu croupis en prison.

    Ton crime : des mots ! Ton arme ? Une plume !

    Mais tu colles des mots aux causeurs de nos maux,

    Et ta plume salit ceux qui nous abusent !

    Ne sois pas surpris qu’ils n’apprécient pas

    Et profitent du pouvoir que nous leur abdiquons

    Pour te faire taire, pour te faire mal…

     

       Comme toi, je n’aime pas les armes

    Et je préfère les lettres ;

    Mais vois-tu, ceux qui nous affament,

    Ceux qui nous exploitent et nous avilissent,

    Eux, n’ont pas nos scrupules et usent

    De tous les moyens pour nous réduire au silence.

     

       Avant nous, d’autres ont hurlé contre les tyrans ;

    Furent-ils fusillés, guillotinés, assassinés, torturés

    Ou même brûlés sur d’expiatoires bûchers ?

    Les tyrans n’ont fait que nourrir les incendies

    Qu’ils ont eux-mêmes allumés :

    Et ils se brûleront de jouer avec le feu !

     

       Les murs de ces prisons s’effondreront sous l’horion

    Et de cette poussière naîtront les nouveaux humains ;

    Libres et affranchis ; les chaînes rouilleront.

    Et nous jouirons de nos sens et de nos êtres…


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    PARTOUT LA MORT. Patrice, 17 août 2000.

     

       Le chant des canons retentit dès l’aube ;

    Les troupes en marche soulèvent la poussière ;

    Le fer poli des sabres jouit de lumière ;

    Les sceptres dressés enchâssent l’orbe.

     

       Le tocsin résonne dans les campagnes,

    Les flammes ravagent les champs de blé.

    Les lames fauchent la vie avec hargne ;

    Le sang macule les corps blessés.

     

       Partout la mort, partout des pleurs !

    Des charniers vivants, bruissant dans l’herbe.

       Partout la mort, partout l’horreur !

    Quels espoirs pour fleurir sous glèbe ?

       Partout la mort, partout les larmes !

    Des corps décharnés foulent la glèbe…

     

       Une lugubre fumée assombrit le ciel,

    Les ténèbres ternissent le vol des corneilles.

    Les cris affolés devant l’ultime terreur,

    La meute désolée fuit cette ombre : la peur !

     

       L’inhumain impose sa loi,

    La loi du feu, la loi du sang !

    L’Humanité en sanglots, en lambeaux,

    Se terre, honteuse, devant ses bourreaux !

     

       Des nuages gris

    Cachent le soleil

    Qui se lève sur un nouveau matin.

       Les cauchemars de la nuit,

    Sont la peur au réveil,

    À l’orée d’un nouveau chagrin…


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