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    Sécheresse et centrales nucléaires.

     

    En bonne citoyenne confiante en son administration je me sens rassurée de la tenue d’une cellule de veille sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité le 9 juin dernier à l’initiative du ministre de l’industrie. Le Réseau de transport électrique (RTE), EDF, GDF-Suez et l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) présents à cette réunion, réaliseront un point hebdomadaire tout au long de l’été afin de vérifier l’état de production de nos centrales nucléaires. 

     

    Mais pourquoi donc nos « électriciens » doivent vérifier l’état de production de notre parc nucléaire tout l’été ? N’est-il pas le plus sûr du monde ?

    C’est qu’en fait la technologie avancée qui permet à nos centrales de produire tous ces Méga Watts a besoin d’eau. De beaucoup d’eau même. Et une canicule aurait une fâcheuse tendance à faire baisser le niveau des cours d’eau… et à faire grimper la température* de ces eaux là !

     

    Aux problèmes liés au refroidissement des centrales nucléaires, s’ajoute la diminution de la production hydraulique française** (moins de 30% en avril 2011).

     

    D’autant que cet été, si nous sommes en difficulté de production, il risque d’être délicat, voire décevant, d’espérer une aide de la part de l’Allemagne pour nous revendre (à prix fort) de l’électricité pour climatiser nos villas de luxe et nos bureaux mal isolés. Depuis la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne, ce pays paranoïaque, a mis 8 de ses réacteurs nucléaires à l’arrêt (ce qui prive le réseau électrique d’environ 7 TWh***). Est-il utile de rappeler qu’en 2010, la France a acheté 16,1 TWh à ce pays qui s’est prononcé récemment pour une sortie (un peu trop lente à mon goût) de la production d’électricité par l’industrie nucléaire ?   

     

    Et il parait que chaque degré au dessus de 25° C entraine une consommation de 500 MW supplémentaire dans le pays, essentiellement à cause de la climatisation !

     

    Près de chez nous, en amont d’Agen (47) le débit de la Garonne a montré quelques faiblesses à la fin du mois de mai 2011 : 110 m³/seconde (alors que son débit moyen est de 400 m³/seconde), laissant craindre des difficultés si il venait à baisser encore.

     

    La majorité des centrales nucléaires françaises sont implantées sur des rivières (la centrale de Civaux sur la Vienne, la centrale de Cattenom sur la Moselle, celle de Chooz sur la Meuse…) dont elles utilisent l’eau pour refroidir leurs réacteurs (les autres sont en bord de mer et utilisent cette source pour se refroidir, telles celles de Gravelines, de Penly…).

     

    Les circuits de refroidissement des réacteurs ont besoin d’un apport permanent en eau. Une période de sécheresse avec diminution du niveau (et donc du débit) des rivières serait préjudiciable pour le fonctionnement des réacteurs refroidi par ces cours d’eau (les centrales refroidies par l’eau de mer connaissent des problèmes différents****).

     

    Les arrêtés actuels interdisent les pompages et rejets dans la Garonne en dessous d’un débit de ce fleuve à 31 m³/s. Dans tel cas, on relâcherait de l’eau des barrages d’étiage*****. 

     

    Ce qui prouve, une fois de plus que la sécurité des centrales nucléaires est dépendante des aléas climatiques !

    Mais puisqu’on nous dit de ne pas nous inquiéter alors…

     

    Anne-Diane Goetèrt-Stich

    27 juin 2011

     

    * Les températures de rejets sont aussi un problème délicat pour les exploitants des centrales. La réglementation actuelle interdit à la centrale de rejeter une eau réchauffée de plus de 1,25 ° C à celle pompée (entre juin et septembre). D’autant que l’eau d’une rivière dont le niveau est au plus bas se réchauffe plus vite !

     

    **L’hydraulique représente en moyenne 12 % de la production d’électricité en France 

     

    *** TWh : Térawatt-heure : unité de mesure de l’énergie utilisée notamment pour exprimer la production et la consommation d’électricité en très grande quantité. 1 TWh vaut 1 000 milliards de watts-heure ou 1 milliard de Kilowatts-heure !   

     

    **** Fin juin 2011, à la centrale de Torness en Ecosse, des méduses ont eu la mauvaise idée de se laisser aspirer obstruant les grilles des filtres des cuves de refroidissement et bloquant l’activité de 2 réacteurs !

     

    ***** Même le refroidissement d’un réacteur arrêté (donc ne produisant plus d’électricité) nécessite un apport en eau évalué à environ 5 m³/s. 

     

     

    Une plainte a été déposée par le Réseau Sortir Du Nucléaire (soutenu par un collectif d’associations dont Sortir Du Nucléaire Tarn) en novembre 2010 contre l’exploitant de la centrale nucléaire de Golfech pour pollution au Tritium (forme radioactive de l’hydrogène), pour le rejet de 450 litres d’effluents radioactifs dans la nature et pour avoir pompé plus de 44,3 millions de m³ d’eau de la Garonne (soit 2,3 millions de plus que la limite autorisée).

     


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