• Prostitution, liberté, morale

     

    Prostitution, liberté, morale…


     Si l’égalité sociale était de mise entre deux individus, je pense que je n’aurai aucune légitimité d’intervenir ou de vouloir légiférer sur les relations entre 2 (ou plusieurs) adultes consentant-e-s. Quelles que soient les relations dont il s’agit, notamment la prostitution. Mais cette égalité est-elle de mise entre une prostituée et son client ?

     

    Je fuis d’emblée celles et ceux qui mettent le corps et la sexualité au panthéon de la pudibonderie. Afin d’extraire une position claire sur un sujet aussi sensible vu l’ignoble exploitation, déshumanisation que subit la majorité des personnes prostituées, je ne pense pas que la morale judéo-chrétienne ou ses avatars doivent s’immiscer dans nos considérations éthiques.

     

    Je peux sans problème admettre qu’une infime minorité de prostitué-es accepte de se prostituer par envie, décision personnelle voire même plaisir ou fantasme…  Mais si je m’exprime sur ce sujet c’est en pensant à toutes celles et ceux qui sont victimes des réseaux de traite, aux victimes du système économique, victimes d’une société où seul l’argent permet l’accès au logement, à l’alimentation, à une vie décente, aux loisirs, à la dignité… Victimes d’un système patriarcal qui a du mal à être dissout...

     

    Libertaire, je m’interroge à chaque fois que la liberté de certain-es peut être remise en question par mes analyses. Mais peut-on parler de liberté quand une large majorité des personnes qui se prostituent le font pour pouvoir subvenir à leurs besoins matériels, pour échapper à la misère quotidienne ? Ce sera donc la liberté des client-e-s qui sera mise en cause ; mais que pèse-t-elle à mes yeux face à la dignité des personnes prostituées ?

     

    Je me dois de m’exprimer sur ce sujet afin de dégager certains des axes de la société idéale dans laquelle je rêve de vivre. Une société égalitaire sans domination, sans exploitation laisserait-elle sa place à la prostitution ?  

     

    Est-ce le travail d’une personne prostituée qui se paie ou bien son sexe ? Son corps-sexe ? À partir du moment où une personne est réduite à n’être plus qu’un objet de désir, d’assouvissement, peut-on parler de travail ? Dans une société dictatoriale, probablement, mais dans ma société idéale, certainement pas !

     

    Alors ?

     

    - Abolition sans répression contre les personnes prostituées ?

     

    - Prohibition, avec criminalisation des prostitué-e-s ?


    - Réglementation, légalisation avec considération de la prostitution comme un métier classique ?

     

    Il nous faudra bien choisir. On ne peut pas rester sans rien faire et ainsi donner un blanc-seing aux réseaux de prostitution qui exercent leur horreur esclavagiste sur des êtres abandonnés aux vices et aux frustrations et des proxénètes et des client-e-s.    

     

    Il me parait primordial d’agir sur la misère qui, très souvent, est le déclencheur du basculement de la vie d’une personne dans le système prostitutionnel. À ma connaissance, personne ne choisit consciemment d’être pauvre afin de « tomber » dans la prostitution !

     

     

     

    Ensuite, généraliser l’éducation sexuelle et faire disparaître les tabous autour du corps, du sexe et de la sexualité permettrait de diminuer le recours aux rapports sexuels vénaux ? Je veux dire par là qu’une sexualité libre, libérée des tabous, assumée engendrerait certainement une génération de personnes équilibrées n’ayant nul besoin de « consommer » de la prostitution ?

     

     

     

    Devant nos hésitations et l’aggravation des conditions de vie des personnes prostituées, un Syndicat des Travailleurs / Travailleuses du Sexe s’est constitué en mars 2009 : le STRASS. Avant que la société ne prenne une décision définitive sur la prostitution ?

     

     

     

    Je ne peux résister de vous offrir ce propos de l’anarchiste américano-ukrainienne Milly Witkop (1877- 1955) qui résume ce que j’ai voulu exprimer ici…

     

     

     

    "Amour libre, le mot n'est pas bien choisi, car il porte en lui-même une contradiction. L'amour est toujours libre, car on ne peut pas le contraindre. Quand la liberté cesse dans l'amour, commence la prostitution."

     

     

     

     

     

    Mato Witko, juillet 2009.

     

     

     

    Pistes de lecture : (liste non exhaustive, bien sûr)

     

     

     

    - « Prostitution – Le désir mystifié » Max Chaleil (éditions Parangon)

     

    - « Fières d’être putes » Maîtresse Nikita et  Thierry Schaffauser (éditions L’Altiplano)

     

    - « La prostitution étudiante » Eva Clouet (édition Max Milo)

     

    - « Des anarchistes féministes contre le système prostitutionnel » Hélène Hernandez et Elisabeth Claude (éditions du Monde Libertaire).

     

     

     


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :