SANS JOIE, NI GAIETÉ.

   Sans joie, sans gaieté,

Ivre d’insomnies,

Épuisé, las de la vie,

Je vois l’ombre de l’humanité,

Je guette le monstre de mes nuits.

Dans mes cauchemars, cette entité,

Se traîne tel un fantôme,

Pourquoi m’effraient tant les hommes ?

   C’est ce cri d’agonie,

Ces vespérales prières

Que j’hurle sous la lune fière,

Mais elle, me renie !

Je pleure sous les étoiles,

Je saigne sans voile,

J’offre mes veines

Aux morsures de la haine !

   Tel un oiseau, je plane ;

Tel un roseau, je fane ;

Telle une triste fleur,

Je souris, puis, je meurs…

   Je vois l’épitaphe de ma tombe,

Glyphes amères et sombres,

Je sens la mort s’approcher,

Et à grands pas, venir me faucher.

Sans regret, je l’accepterai,

Enfin, mon esprit sera libéré !

Je sais que mon âme

Ira se purger dans les flammes !

   Et si ce monde en perdition,

En proie aux pires pollutions,

Tourne vers sa perte prochaine,

Qu’il sache que je partage ses peines !

Et si il veut des coupables,

Je connais des responsables,

Mais tous sont intouchables,

Car prétendus respectables…

   Sous mes draps, je tremble,

Encore une journée de perdue,

Sur le fil du temps, suspendue,

L’angoisse, elle, me ressemble…

   Mon visage pleut des larmes,

Qui sont en fait mes seules armes ;

Mon corps, ma plume, ma voix,

Ma conscience, mon cœur, mon émoi ;

Résident en moi, les seules lois

En lesquelles j’ai encore foi !

Patrice K, 31 juin 2000.