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          L’ARÈNE DES CLAMEURS. Patrice, 28 septembre 2000.

     

       Le soleil ruisselle sur les peaux dorées,

    La fanfare rythme des airs colorés ;

    La foule, en sueur, en clameur,

    Couvre l’arène de ses fleurs.

    Applaudit, le héros lève l’épée ;

    Abasourdi, l’animal en terreur,

    Offre ses flancs, en pleurs ;

    Le sang suinte dans l’arène sablée…

     

       Scintillement de luxe, de couleurs ;

    Les lumières folles accroissent l’émotion…

    La mort, donnée comme sublimation,

    Victoire de l’Homme sur la peur.

    Les portes s’ouvrent sur la gloire,

    Les rideaux levés sur la foire ;

    La folie est légitime par tradition…

    Et qu’importe aux sadiques mon indignation !

     

       Ne pas jouir de ce spectacle cruel

    Passe pour frigidité !

    Je veux fuir la Terre des mortels,

    Et fuir leur perversité.

     J’ai été toréé, moi aussi,

    Mon corps tuméfié, blessé,

    A toujours su se redresser

    Et braver ses ennemis !

     

       Aujourd’hui, plus encore qu’hier,

    Mon verbe et mes poings sont amers !

    Ma haine

    De la race humaine

    S’amplifie

    Au fil de ma vie…

     

       Certains voient dans ces charniers

    La force d’un art théâtral !

    Je ne peux que m’indigner

    Et avouer l’acte immoral !

     

       … Des nuages sombres couvrent les gradins ;

     La pluie court sur mon chagrin

    Comme des larmes affolées

    Sur un monde désolé…

     


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    LA PEUR DU BONHEUR. Patrice, 19 mai 2001.

     


     

       Je résiste, insensible, à ce regard de feu ;

     

    La peur du bonheur a éteint mon âme.

     

    Je résiste, insensible, à ses perles d’yeux

     

    D’où j’ai peur d’y voir jaillir des larmes !

     

     

     

       L’hiver s’est installé en mon cœur ;

     

    Autour de moi, tout est faux, tout est mal.

     

    Les plus belles choses me font horreur,

     

    Subir la douleur m'est devenu fatal...

     

     

     

       Quand vient l’été et ses chants fiévreux,

     

    À peine la joie sort-elle de son ombre

     

    Que les flammes brûlent les anges des cieux,

     

    La Terre s’ouvre, matrice-mère, et, tombe…

     

     

     

       Elle me sourit, me tend ses douces mains ;

     

    Je la refuse de peur d’être un esclave.

     

    Je sens en moi bouillir une amère lave,

     

    Suis-je toujours l’image d’un être humain ?

     

     

     


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    LA PARURE DE L’OUTRAGE. Patrice, 5 janvier 2001.

     

       Une île exquise,

    Une vierge banquise…

    Des chasseurs gantés,

    De gourdins armés,

    Sillonnent la neige…

     

       Se pose le brouillard,

    Propice aux cauchemars ;

    Des ombres effrayantes

    Aux allures d’épouvantes

    Sillonnent la neige…

     

       Refrain :

     

       Des petits yeux noirs

    Dans le blanc…

    Des cris sourds…

    Dans le sang…

    Frappe la haine,

    S’abat l’agonie !

    Terrible scène :

    Effroyable tuerie ! 

     

       Demain, en vitrines des boutiques,

    Le luxe affiche l’esthétique ;

    Qui portera comme un charme

    Le prix de ce terrible drame ?

     

       Quel dos sans parure

    Se vêtira de fourrures ?

    Leur fierté : tel outrage !

    Ma honte, ma douleur !

    Dignité d’un autre âge ;

    Leur monde m’est horreur !


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    LA FORCE DES TYRANS. Patrice, 30 septembre 2000.

     

       L’arbre de la liberté

    Est rongé de l’intérieur,

    On en veut à son intégrité,

    On veut répandre le malheur.

    Le vent crie sur les brasiers.

    Colères et haines ardentes,

    Rages rugissantes,

    Accroissent l’ampleur des charniers…

     

       Des meutes de fous armés

    Paradent dans les cités.

    Des ombres glissent sur les barricades

    Et tombent en embuscade…

    Le feu est ouvert, les corps tombent ;

    Se brûlent les chairs ; la vie sombre ;

    Le sang suinte entre les pavés ;

    Les vieilles rancœurs sont ravivées…

     

       Les bûchers et les potences sont dressés ;

    Sur la place, les cadavres entassés,

    En témoins de la terreur,

    Pour que naisse la peur.

    Des silhouettes, aux mains entravées,

    Se balancent d’une branche

    Au gré du vent navré

    Qui soupire la revanche…

     

       Les kapos patrouillent fièrement,

    Les drapeaux portés dignement,

    Le sourire sournois, rageur,

    Pour attiser les vengeurs…

    La force des tyrans,

    Comme trop souvent,

    Est imposée aux peuples

    Et respectée des veules !

     

       La ville est ensevelie

    Sous les cendres de la folie.

    Règne la honte d’une guerre

    Sur les visages aux larmes amères…

     

      Comment sécher ses pleurs 

    Sachant les douleurs

    Des prochains combats ?

       Comment vivre ses rêves

    Sachant la fin des trêves ?

    … Mon espoir succomba…

     

       Les fleurs piétinées,

    Les arbres déracinés,

    Par le souffle des sans cœurs ;

    Souffre là, mon frêle bonheur…


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    LA FIN DE MES RÊVES. Patrice, 10 juillet 2000.

     

       Le jour se lève

    Et met fin à mes rêves.

    Ce traître soleil

    Détruit mes merveilles,

    Ce monde emplit de joie

    Sans dieu, ni maître, ni roi.

     

       Les créatures de mes cauchemars,

    En réalité sont au pouvoir !

    L’enfer tant redouté

    Sur Terre : l’inhumanité,

    Est le quotidien de mes frères,

    Pas de répits, mais des guerres !

     

       Les yeux gonflés de haine

    Suintant des rages de la conviction,

    Je m’ouvre les veines

    Espérant en finir d’avec mes démons !

     

       Je n’ai plus le courage

    D’affronter tous les orages ;

    Le cœur emplit d’amertumes,

    J’ai vécu tant et tant d’aventures !

     

       Je n’ai plus la patience

    De vivre dans la souffrance,

    Je veux enfin connaître le bonheur,

    J’en ai assez de la douleur…

     

       Vers mes ennemis, l’index pointé,

    J’indique l’origine de mes malheurs :

    Je souffre pour le reste de l’humanité,

    Je pars en lui laissant quelques pleurs…

     

       J’étais partisan de la vie,

    J’ai lutté contre les artisans de la mort ;

    Moi, je meurs aujourd’hui,

    Mes assassins, eux, vivent encore…


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