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          LE JARDIN DE MON EDEN. Patrice, 3 février 1998.

     

       Je me souviens combien

    Je regrette l’Eden jardin

    Des vacances de mon enfance !

    Mon âme pleure, mon esprit se meurt,

    Mon corps s’endort de sa dernière aurore !

     

       Mes yeux d’enfant insouciant

    Ne voyaient pas l’âpreté du quotidien,

    Le labeur incessant de nos parents,

    Le cri strident d’un réveil au matin !

     

       Nos promenades en forêt,

    Mes châteaux de sable chaud,

    Les plages douces et dorées ;

    Le babil d’enfants heureux,

    Le sourire de pères joyeux,

    La fierté des mères,

    Le vent sur la mer…

     

       Puis vient la rentrée scolaire,

    Son lot d’injustices et de colères,

    Des insultes, des infamies.

    Mes yeux s’ouvraient,

    Mon coeur, lui, se fermait.

    Le monde réel m’est horreur,

    Chaque journée me faisait peur !

     

       Je compris alors l’angoisse des adultes,

    Leurs violences, leurs disputent,

    Se savoir condamnés, sacrifiés,

    En attente d’une retraite méritée

    Dont on profitera, le corps éreinté,

    Fatigué, épuisé, tuméfié…

     

       Déjà, je regrettai le souvenir

    Des vacances

    De mon enfance,

    Fuite éperdue vers l’avenir…

    Depuis, mon âme n’a de cesse de pleurer,

    Mes rêves sont hantés

    D’images d’un passé disparu ;

    Accepterai-je d’être ainsi vaincu ?


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    LE COULOIR DE LA MORT. Patrice, mai 1998.

     

       J’attends dans ce sombre couloir

    Que la justice vienne œuvrer son art :

    Son erreur, sa faute, sa sentence,

    Son jugement hâtif, sa démence…

     

       Murs témoins de terribles drames ;

    Personne n’est là pour voir les larmes.

    Ma mort en preuve de leur folie !

    Ma mort pour l’ignominie…

     

       J’entends marcher derrière moi

    Le spectre vicieux de la mort,

    Il murmure de sa douce voix :

    -« ferme les yeux et serre-moi fort ! »

     

       Tel un amant maudit,

    Il m’enlace et me glace.

    C’est alors que je le vois : il rit !

    S’enfuit de moi mon existence…

     

       Demain peut-être, apprendra-t-on

    L’innocence du supplicié ?

    Mais dès lors, se lamentera-t-on

    Des erreurs des justiciers ?

     

    A Giordano Bruno (brûlé sur le bûcher de l’Inquisition à Rome en février 1600), Troy Davis (exécuté en 2011), Mumia Abu Jamal (sa peine capitale est commuée en 2011), Leonard Peltier…

     


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    LE CHANT DES CHAINES. Patrice, 14 juillet 2004.

     

       Blessure profonde dans la nuit des mémoires ;

    Le tambour des galères rythme l’histoire.

    Résonne en moi le scintillement des étoiles,

    Le vent amer souffle, gonflant les voiles.

     

       Oh ! Un cri, un chant, une sirène ?

    La nuit, le vent, le chant des chaînes…

       Un cri, un chant, le chant des chaînes,

    Sur mon peuple s’abat la haine…

     

       Ô Mère ! Ne te reverrais-je jamais ?

    Ô Mère ! Pourtant, moi, je t’aimais !

    Pour quelques fusils vous m’avez vendu !

    Dans l’immensité, je me sens perdu…

     

       Les embruns sèchent mes larmes de sel ;

    Mes membres enchaînés se gonflent de fiel.

    Mon cœur est libre et chante l’espoir,

    Mon âme vibre et hante les soirs.

     

       Je me rappelle, je me souviens,

    Les grandes plaines d’où je viens…

    Je revois mon village dévasté par les flammes,

    Et mes fils et mon père… et ma femme…

     

       L’Humanité me parait monstrueuse,

    Créature vile à l’âme ravageuse ;

    Nos masques mortuaires sont moins affreux :

    La réalité est plus effrayante que nos dieux !


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          L’AUTEL DES VAMPIRES. Patrice, avril 1999.

     

       Quelques citoyens

    « Libres et égaux en droits »,

    Retrouvés en hiver, un matin,

    Morts de faim, morts de froid…

     

       La misère, sur Terre,

    Règne en maître ;

    Inexorablement, un jour,

    Nous risquons de la connaître,

    Elle guette et s’apprête

    À fondre sur nos têtes !

     

     

       Refrain :

     

       Tels des vampires,

    Ils attendent le pire.

    Sur l’autel de leurs lois,

    Nous devenons leurs proies… 

     

       Du haut de leur tour,

    Quelques vautours

    Attendent patiemment

    Notre abattement ;

    Ils viendront se repaître

    De nos dernières miettes !

     

       Poignets liés

    Ils vont nous saigner ;

    Nos vies sacrifiées,

    Leurs joies magnifiées !

     

       Les bancs publics

    Accueilleront nos rêves ;

    Je cède à la panique

    Qui crispe mes lèvres !

     

       À la sortie de leurs églises,

    Nous irons tendre la main ;

    Qu’ils donnent à leur guise,

    Pour espérer un lendemain…

     

       Après s’être confessés,

    Lavés de leurs péchés,

    Ils rachètent leur conscience

    Au pouvoir de leurs finances…


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