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    NOUS DÉVORONS LE MONDE. Patrice, 30 août 2002.

     

       Nous dévorons le monde de nos crocs acérés ;

    Nous dévorons, immondes, tels des fous enragés ;

    L’univers s’effrite sous l’horion de nos haines ;

    La Terre voit jaillir le sang de mes veines ;

    Marées noires, hideuses, sous les embruns mortels ;

    Océans troubles d’égouts pestilentiels.

     

       Nous errons, hagards, sur des tas d’immondices,

    Rebuts superficiels de nos sordides caprices !

    Nos rêves peuplés d’Anges et de Déesses

    Nous renvoient à la face nos réelles détresses…

    Reflet virtuel de nos ambitions démentes,

    Coule le fiel de nos aversions saignantes…

     

       L’Apocalypse approche irrémédiablement,

    Tous, nous y travaillons admirablement,

    Jour après jour, s’accroît l’insondable gouffre

    Dans lequel nous glissons, poussés par le souffle

    De nos sinistres, de nos maux, de nos guerres,

    Par la volonté d’être un homme, de tuer le père,

    Nous enlisons en fait, pour son malheur, le monde,

    Qui saigne du mal humain par blessures profondes…

     

       Mes veines enflent du flux rageur

    Que mon corps retient en douleur…

    Mes poings se crispent sous la honte ;

    Mon humanité est morte !

     

       L’écume, le sang aux lèvres,

    J’attends de vivre mes rêves,

    Mais pour quelles raisons s’accrocher ainsi à la vie ?

    Mon front lacéré sous les armes ennemies…

    Un bâillon posé pour contrer ma voix,

    Oukases décrets pour violer ma loi !

    Les gibets se dressent, amères érections,

    Les lames sabrent sans aucune émotion ;

    Les têtes tombent, le sang inonde,

    Dans la foule, un orage gronde…

     

       Notre Terre s’embase d’un fier brasier

    Où se purifient les âmes damnées…

    Tant de merveilles à jamais disparues,

    Tributs inestimables des batailles perdues…

     


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    NOTRE HIVER ENDEUILLÉ. Patrice, 28 décembre 2000.

     

       On ferme les yeux,

    On serre les poings,

    On se brûle au feu

    De souvenirs divins…

     

       On aboie à la lune,

    On broie sa solitude,

    Mais les nuages fuient

    Et le jour reluit…

     

       Le réveil a sonné

    Mais une âme est absente,

    Une vague violente

    Vers d’autres ports l’a menée…

     

       Un tableau sans couleur,

    Une peinture inachevée,

    Une œuvre avec du cœur,

    Une sculpture rêvée…

     

        Une voix à jamais gravée,

    Une chaise, un fauteuil,

    Il y manque Qui pour s’y lover ?

    Ce Qui dont je fais le deuil…

     

       Il est des nuits blanches

    Où part une parole franche ;

    Quelques adieux pour un voyage

    Chez les dieux, chez les anges…

     

       Je poserai sur le marbre,

    Un bouquet de roses,

    En souhait que son âme,

    En paix, se repose…

     

       Pour un repos éternel,

    Un salut fraternel…

     

    … à Georges P.


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          NOS LARMES. Patrice, 17 novembre 2001.

     

       L’œil sec mais triste,

    Droit, net, dans l’église ;

    Je prie, mais ni un dieu, ni un roi,

    Je m’avilis à te prier toi ;

    Dans l’espoir d’être pardonné,

    Dans l’espoir de n’être damné,

    Pour ne pas avoir su lire en toi

    Cette détresse, tout cet effroi… 

     

       Oui, nous partageons la douleur

    Qu’engendre un tel malheur,

    Un garrot autour de mon cou,

    Une déflagration,

    En preuve de mon affliction,

    Mon deuil de fou.

     

       Nous resterons orphelins,

    À noyer de nos larmes

    L’ivresse de nos chagrins,

    Fruits amers de ce drame.

    Certains vont te pleurer ;

    Trouverai-je, dès lors, les mots

    Pour les réconforter,

    Pour apaiser leurs maux ?

     

       Il me faut juste accepter

    Ton terrible choix ;

    Il me faut juste accepter

    Sans demander pourquoi.

     

       Ce pourquoi qui fait si mal,

    Ce cri si brutal,

    Cet appel au secours,

    Cet appel sans retour…

     

       À Marc J…


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    MON SUPPLICE. Patrice, 30 mai 2001.

     

       Derrière moi se referment les portes de l’Enfer,

    Je traîne mes chaînes avec l’amertume de mes fautes,

    L’espoir s’est enfui, son nom au loin se perd,

    L’Humanité gît sur un tas de cendres mortes.

     

       Qu’ai-je fait pour subir tel supplice ?

    Serai-je encore l’un de ces martyrs ?

    Devrai-je aussi m’offrir en sacrifice ?

    Sur l’autel des sanglots, aux chants des lyres ?

     

       Condamné à souffrir l’éternité,

    Condamné à gémir mon anathème,

    En silence, comme on enfante un poème,

    Dans l’ombre blême d’un sinistre gibet.

     

       Mes doutes se dévoilent et sont horreurs,

    La vérité se défait de ses mystères,

    Elle m’apparaît alors comme terreur ;

    Le monde est en proie au sang et à la guerre.

     

       Demain, je veux voir la paix éternelle ;

    Peut-être vivrai-je là mon ultime heure ;

    Mais que m’importe alors que j’en meure,

    Je quitte sans regret, cette lutte cruelle…


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    MON DRAME. Patrice, 15 août 2000.

     

       Ce filet de sang sur mes lèvres,

    Ce rictus navrant, fils de ma verve ;

    Sous la lune riante,

    J’offre mon absolution,

    Sous la pluie battante,

    Je demande la rémission

    De mes fautes, de mes péchés,

    De mes actes, de ma liberté.

    Ma résection, grande joie pour les fous,

    Ô ! Pardon de ne pas être allé jusqu’au bout !

    J’ai bien trop d’adversaires

    Pour continuer ma vie sur Terre…

     

       Des armées de Cerbères

    Crachent le feu de la guerre,

    Les masses populaires,

    Leur rampent aux pieds,

    Ils croupissent dans leur misère

    Mais leur baisent les souliers…

    Tant de génuflexions,

    Tant de résignations

    Me donnent des nausées,

    Me hantent pour l’éternité ;

    En moi se mélangent

    Le sang et les larmes,

    Cette incommensurable rage

    Me plonge dans mon drame.

     

       Mon corps alourdi,

    Mon âme sombre,

    Mon éther envahit

    D’une lumière d’ombre.

    Des cris de silence

    M’assourdissent de violence.

    Des fragrances de chairs brûlées

    Me parviennent de leurs charniers.

    Qu’avec moi meure l’humanité

    Cette folle entité !

    Depuis le début, je craignais la fin !

    Depuis le début, je rêvais de la fin !

     

       Je veux voir le paradis,

    Ce cimetière pour esprits ;

    J’ai à parler avec les dieux,

    Et leur faire l’aveu

    Que leur monde est horreur,

    Que leur monde me fait peur ;

    Je suis un fantôme,

    J’erre de ciels en ciels,

    En quête d’autres lumières

    En quête des grands Mystères…

    Je hais tant les hommes

    Que j’ai regret d’être leur pareil.

     

       À rêver un espoir

    J’ai cru mon devoir

    De me crucifier,

    De me sacrifier.

    Toute civilisation

    A son lot d’hécatombes ;

    Mon immolation

    Pour fleurir toutes les tombes,

    Je m’offre à la vindicte

    De ceux qui nous dictent,

    Les régisseurs de nos vies,

    Les censeurs de nos envies.

    Que les flammes des damnés

    Embrasent leurs bourreaux.

    Que le bûcher sacré

    Consume les croix des héros !

    Plaies béantes, ouvertes à jamais,

    Fois démentes, croyances infernales…

    Une averse torrentielle s’abat désormais

    Sur les consciences vénales…

     

       La torture dans tous mes rêves ;

    La dictature m’étouffe.

    La tyrannie ne me laisse nulle trêve,

    Mon avenir s’essouffle…

     

       Mon cœur saigne,

    Il souffre devant le règne

    Des Tyrans Empereurs,

    Des psychopathes dictateurs…


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