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    SUR LES RUINES. Patrice, février 1995.

     

       De noires colombes, de blanches corneilles

    Planent au-dessus des ruines encore fumantes…

    J’entends le gémissement d’une mourante,

    Entre ses bras gît le fils de ses entrailles…

       Violée par des cerbères armés de haines,

    Frappée à coups de pieds, à coups de chaînes,

    Elle attend la mort, larmes aux yeux,

    Sans un mot, ni un cri pour les dieux…

     

       Pour quels sanguinaires suzerains

    A-t-on commis ces odieux massacres ?

    Quels tyrans au cœur d’airain

    Se délectent de ces bûchers âcres ?

      

       Le Trône conquérant s’abreuve de souffrance ;

    L’agonie des peuples fait la joie des puissants ;

    Victimes expiatoires sur leurs autels déments,

    La seule loi ici, est la loi de la violence…

     

       La couronne est souillée par mille sangs.

    Qui osera enfin venger les innocents ?

    Par le spectre royal, fruit des potences

    On installe son impériale gouvernance…


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    SOLEIL D’OMBRE. Patrice, 12 janvier 2000.

     

       Déjà, dans le ciel,

    Pointe l’astre soleil ;

    Sorti à peine d’un rêve,

    Déjà, le jour se lève…

     

       Mais déjà, j’attends la nuit,

    Je la veux, je la prie !

    J’ai trop peur de la folie,

    Les yeux fermés, je tente l’oubli…

     

       Ce quotidien m’effraie,

    Cauchemars éveillés,

    Je veux encore m’émerveiller…

    … mais, éternel apeuré…

     

       Pour moi cette journée

    Sera enfin la fin !

    Qui guide nos destinées ?

    Je suis maître de mon destin !

     

       Ma mort, digne indignation

    Est mon ultime protestation

    Face à un monde se déversant

    En larmes de sang.

     

       La Terre, ainsi se meurt ;

    Je souffre d’en avoir peur ;

    Je suis l’ombre d’un humain,

    Réduit au rôle d’un refrain !

     

       Chaque jour j’entends

    Les cris de millions d’enfants ;

    Ils sentent voir pointer

    La fin de l’Humanité !

     

       Quant à moi, j’en ai assez

    De tenir les yeux fermés !

    Mais ce qu’ils voient est horreur :

    D’un soleil d’ombre, la lueur !

     

       Catastrophes écologiques

    Par l’économie et sa logique ;

    Mais qu’avec moi se suicident

    Les coupables de cet écocide !


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    SAOULOGRAPHIE OU SONGE D’ÉTÉ. Patrice, août 1999.

     

       Cet air qui m’obsède depuis mon enfance,

    Cet air qui me suit, me grise et me ronge,

    Qui accompagne mes nuits de terrifiantes angoisses,

    Mes saoulographies et mes plus doux songes.

       Cet air où je vois valser d'aimables sirènes,

    Mes divines muses dansant pour mes peines,

    Tournoyant sous les étoiles millénaires

    Comme autant de corps tombant pour la guerre…

     

       Et danser dans un champ de mines ou sous une pluie d’obus ;

    Provoquer le sort, se moquer de la mort !

    Virevolter au travers les rafales d’un typhon,

    Sentir son cœur défaillir et son âme se révolter

    Et se dire que la vie est là et qu’il faut la vivre,

    L’abuser, la dominer… Ou bien la séduire…

     

       Ô cet air que j’ai souvent entendu

    Dans les méandres de mon imagination !

    Cet air que je ne cesse de murmurer,

    Que je cache en moi comme un fruit défendu,

    Qui se glisse sur mes lèvres, hymne de perversion ;

    Cet air que je me contente de susurrer

    À l’oreille des enfants, au gré des vents,

    Et le semer pour demain en récolter le chant… 


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    REVERRAI-JE ?  Patrice, mai 2000.

     

       Reverrai-je jamais, à l’aube de mon départ,

    La grâce d’Amazones d’Agadja, beautés sans fard,

    La volupté des danseuses d’Haïdous,

    L’art des bayadères hindoues,

    Le charme naturel d’une Indienne,

    D’une Ouled Naïl, d’une féline Cheyenne,

    D’une sensuelle Daï, une reine Somalienne,

    L’exotisme ardent d’une fleur cubaine ?

     

       Reverrai-je jamais, au crépuscule de ma vie,

    L’immensité restaurée de l’Amazonie ?

    La splendeur stupéfiante des chutes du Niagara ?

    Les moites senteurs des ruines Incas ?

    Les sculpturales dévatā d’Angkor,

    Les fiers obélisques de Louxor ?

    Les brûmes délicieuses de Katmandou,

    Les vallées et rizières d’Ouagadougou ?

     

       Entendrai-je encore une fois

    Le vagissement d’un enfant naissant

    Sous le regard souriant de joie

    De sa mère l’applaudissant ?

    Délivrée de sa douleur,

    Elle engendre son bonheur.

    Entendrai-je toujours les chants,

    Mélodies, arias et chœurs enivrants ?

     

       Reverrai-je malgré ma folie innée

    Ses yeux tendres maquillés de khôl,

    Où plonge mon âme viciée d’alcool ?

    Ses douces mains peintes d’henné

    Parcourent mon corps et m’éveillent,

    Enflamme mon désir tel un soleil

    Sublime et ardent astre, drapé

    Dans l’aurore d’un espoir de paix…

     

      Refrain :

     

        Reverrai-je les merveilles qui ont su m’attendrir ?

    Reverrai-je les rebelles qui ont su s’affranchir ?

    Entendrai-je les échos d’une noce éternelle,

    Où la Liberté épouse la joie Fraternelle ?

     

     


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    Que mon rêve voit le jour. (Patrice K, janvier 1997)

     

    Tandis que certains

    Font la fête, chantent et rient,

    Moi, seul, je prie pour que demain

    Soit plus juste, plus humain.

     

    J’attire la moquerie,

    La haine et le mépris

    Lorsque je pointe du doigt

    Les actes sales et odieux,

    Les atteintes aux vrais droits

    Commis pour leurs faux dieux…

     

    Je brave leurs rictus cyniques,

    Leur bave, fiel sarcastique,

    Car j’ai espoir d’un jet de lumière

    Rayonnant sur notre sordide misère.

     

    J’ai espoir d’un vent de sédition

    Nous soufflant l’aria d’une révolution.

    Quels lendemains possibles dans cette voie ?

    Spirales infernales comme seules lois ?

    Est-il vain de se lever dans la tourmente

    Tel un phare isolé sur une mer mouvante ?

     

    Tandis que certains

    Vont à l’église, au temple, à la mosquée,

    Conforter leur foi du divin,

    Au risque d’offusquer, j’ose critiquer

    L’inanité, la vacuité de leurs croyances,

    Métaphysiques de l’ignorance !

    Dogmes infantiles, foi, avilissements,

    Rites serviles, génuflexions, contritions et serments,

    Acceptation de l’autorité comme essence divine,

    Lapidation des « extravagances » libertines !

     

    Un tel besoin de guides divins

    Est preuve d’immaturité.
    Aggiornemento

    De dogmes médiévaux,

    Pour suivre le chemin

    Des prophéties dévoilées.

     

    Ma liberté n’est pas vénale,

    Elle ne craint pas le code pénal !

    Je prête mes bras et ma réflexion

    Pour un autre monde en construction.

    Je n’en verrai pas la réalisation

    Mais je tiens à en poser les jalons.

     

    Refrain :

     

    Et je veux que mon rêve voie le jour

    Comme une mélodie aux oreilles des sourds ;

    Un arc-en-ciel aux yeux muets ;

    Une course folle pour paralysé-e-s…


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